août, 2010
POINT AVEUGLE
La productivité et son évolution dans le temps sont les principaux déterminants de la croissance économique d’un pays, de sa compétitivité, de la rentabilité de ses entreprises et du niveau de vie de ses habitants. Il s’agit donc d’un indicateur fondamental pour les Etats comme pour les entreprises.
Une productivité élevée traduit la capacité de produire plus à moyens constants ou de produire autant en consommant moins d’intrants. La rareté des ressources prenant en Afrique une acuité particulière, la nécessité d’augmenter la productivité devrait s’y imposer comme une priorité absolue.
Mais, paradoxalement, la productivité ne constitue pas, en Afrique sub-saharienne, un enjeu de politique économique. Au niveau macro-économique, l’agrégat est peu ou mal mesuré par les statistiques nationales. Au niveau des entreprises, hormis les filiales de multinationales étrangères et quelques multinationales africaines, la productivité n’est pas un objectif de gestion dans la majorité des cas. Au niveau individuel, personne ne s’émeut d’avoir à investir une semaine entière pour réaliser ce qui ailleurs prend un jour.
Les données statistiques disponibles montrent clairement que nos économies opèrent à des niveaux de productivité largement inférieurs aux autres régions en développement. En conséquence, sauf changement d’attitude et de cap, nos entreprises continueront à ne pas maîtriser leur marché intérieur, les opportunités d’exportation demeureront hors de leur portée et l’écart inacceptable de niveau de vie entre l’Afrique et les autres parties du monde persistera.
Augmenter la productivité des économies africaines est d’abord la responsabilité des chefs d’entreprises. Relever ce défi reste possible mais implique de prendre rapidement conscience de l’enjeu, de s’atteler à mesurer et améliorer de façon continue la productivité des organisations. Il implique aussi d’agir sur la productivité des équipements comme sur celle des processus, notamment tertiaires, mis en œuvre. L’augmentation de la rentabilité et / ou des parts de marché de l’entreprise récompenseront les efforts consentis.
Pour accompagner cette dynamique, le rôle des pouvoirs publics est essentiel. En prenant des mesures audacieuses pour inverser la tendance à la dégradation de la qualité de l’enseignement public ; en investissant dans les infrastructures énergétiques et celles qui fluidifient le mouvement des biens, des services et des connaissances ; en se dotant d’indicateurs de pilotage de politiques volontaristes d’amélioration de la productivité, les Etats créeront l’environnement dont les entreprises ont besoin pour progresser.
L’Afrique sub-saharienne ne se hissera au rang de région émergente que par une action déterminée sur sa productivité.
(1) United Nations Millennium Development Goals Report 2010
Louis ADANDÉ