septembre, 2015
LA PROMESSE DU CAPITAL-INVESTISSEMENT
Le capital investissement, mode de financement des entreprises récent en Afrique sub-saharienne, connaît une montée en puissance remarquable depuis une décennie. Cette activité consiste, pour des investisseurs financiers professionnels, à apporter des fonds propres et un appui stratégique à des entreprises à fort potentiel de croissance puis à sortir du capital de l’entreprise après quelques années avec une plus-value. En Afrique sub-saharienne, le secteur comprend près de 200 acteurs de toute taille qui ont levé en 2014 – essentiellement auprès d’investisseurs institutionnels internationaux- $ 4.1 Mds de fonds nouveaux pour des investissements futurs*. En 2014, il gère un stock d’investissements équivalent à 0,12% du PIB de l’Afrique sub-saharienne** et a déployé $ 7 Mds de nouveaux investissements*** dans cette région.
Encore confidentiel, ce mode de financement s’avère particulièrement pertinent car il apporte des réponses adaptées aux principales problématiques financières des entreprises de l’Afrique au sud du Sahara, notamment le déficit de fonds propres, l’insuffisance des compétences techniques et managériales ainsi que la faiblesse des normes de gouvernance et de gestion largement due à un fonctionnement informel. L’entrée d’un capital-investisseur permet, évidemment, à l’entreprise d’obtenir des ressources pour financer sa croissance mais elle entraîne aussi et surtout une formalisation et une modernisation de l’entreprise dans tous les domaines. Cette formidable mise à niveau, n’est certes pas indolore pour les dirigeants et les employés de l’entreprise, mais elle lui permet d’améliorer sa compétitivité et d’accéder à des opportunités d’affaires qui lui étaient auparavant fermées.
Malgré de nombreux handicaps initiaux et une perception largement défavorable de l’Afrique sub-saharienne, le capital-investissement y a largement prouvé sa viabilité. L’expérience des fonds pionniers en la matière montre qu’Il est possible d’exercer ce métier à peu près partout en Afrique, dans presque tous les secteurs de l’économie, auprès d’entreprises de toutes tailles et de réussir les sorties à des taux de rendement attractifs. Avec 40 sorties réalisées par les fonds***, 2014 a d’ailleurs été une année record.
Cependant, le capital investissement touche essentiellement les entreprises africaines les plus importantes et les mieux structurées, alors que les PME et les TPE sont au cœur du défi économique que l’Afrique doit relever en termes de croissance, de création d’emploi, de réduction de la pauvreté et d’innovation.
Par ailleurs, le secteur reste dominé par des acteurs étrangers investissant des fonds étrangers. Il y a clairement là, pour l’Afrique au sud du Sahara, un vaste et stimulant chantier de création et de renforcement d’une génération d’investisseurs institutionnels, de professionnels de l’investissement et d’entrepreneurs locaux qui ensemble permettront au capital-investissement de porter tous ses fruits et d’apporter toute sa contribution à la croissance à venir de l’Afrique au sud du Sahara.
* Source: EY Private Equity Roundup 2015.
** Source: EMPA.
*** Source: AVCA Data Tracker 2015.
Louis ADANDÉ