janvier, 2012
LA GRECE, L’AVENIR ET NOUS
De 2001 à 2007, année du déclenchement de la crise financière internationale, la croissance annuelle moyenne de la Grèce s’est établie à 4, 3%, soit un point de plus que celle de l’Eurozone. Mais cette croissance, tirée par la consommation et les grands travaux d’infrastructure largement financés par l’Union Européenne, reposait sur des bases insoutenables sur la durée.
En effet de 2001 à 2010, la Grèce a cumulé un déficit budgétaire annuel moyen de 9% du PIB avec un déficit annuel moyen de son compte courant de même ampleur*. Si son appartenance à la zone euro avait permis au pays de financer ce double déficit en s’endettant massivement sur les marchés internationaux, la récession de 2008 a entraîné une réévaluation par les prêteurs du risque de crédit d’un pays adossant d’importantes faiblesses structurelles (faibles productivité et gestion macro-économique dans un contexte de parité monétaire fixe) à une dette représentant 160% du PIB.
Pour résorber ses déséquilibres, la Grèce ne peut recourir à la dévaluation de sa monnaie et la sortie de l’Euro constitue un saut dans l’inconnu que, pour le moment, personne ne souhaite. Reste l’option, actuellement poursuivie, d’un ajustement interne d’autant plus brutal et long qu’il aura été trop longtemps différé. Le pays devra (i) comprimer la demande intérieure, (ii) améliorer sa compétitivité extérieure, (iii) mener des réformes structurelles indispensables et (iv) traiter le fardeau de la dette.
Les similitudes de la situation grecque avec les années précédant la dévaluation du Franc CFA en janvier 1994 sont saisissantes. Pour les pays de la zone franc, cette crise remet à l’ordre du jour des questions fondamentales, que la bonne santé des cours des matières premières et la robustesse de la demande asiatique ont pu masquer ces dernières années :
– que faisons-nous pour rechercher la qualité de notre croissance et pas seulement son niveau absolu ?
– comment tirer le meilleur parti du système de parité fixe du Franc CFA?
– quel est notre feuille de route pour améliorer la compétitivité de nos économies ?
– La dette finance-t-elle des projets générateurs de ressources nouvelles ?
– Comment garder la maîtrise de nos choix économiques et éviter de nous les voir
dicter demain par nos créanciers ?
Répondre à ces questions aujourd’hui évitera d’être surpris, comme les Grecs l’ont été en 2008, par le prochain avis de tempête économique.
* IMF World Economic Outlook 2010.
Louis ADANDÉ