octobre, 2014
SCIENCE, TECHNOLOGIE ET INNOVATION EN AFRIQUE (I/II)
L’Afrique s’est (ré) introduite sur l’écran radar du monde par ses solides performances de croissance depuis le tournant du siècle. Approfondir et accélérer cette croissance pour réduire la grande pauvreté exigera une recherche scientifique, des technologies et des innovations autochtones et robustes.
En demandant aux pays africains de porter leur dépense en R&D à 1% du PIB, l’Union Africaine montre qu’elle a compris l’enjeu majeur que représente la promotion de la recherche et de l’innovation pour le continent qui n’y investit que 0,4% de ses ressources quand la moyenne mondiale s’établit à 1,17%. Bien que trois pays seulement s’approchent ou dépassent aujourd’hui l’objectif, la tendance générale en Afrique est à une croissance de ces dépenses.
L’Afrique du Sud, leader continental en la matière, dépense 0,76% de son PIB en R&D soit autant que l’Inde mais moins que la Russie (1,09%), le Brésil (1,16%) ou la Chine (1,84%), ses partenaires du club des BRICS. Le pays s’est toutefois engagé à porter son investissement en R&D à 1,8% du PIB en 2018-2020 et cette attention portée à la recherche, tant fondamentale qu’appliquée, lui apporte d’importants succès. La direction du projet de radiotélescope international SKA(1) ou le vol réussi de l’AHRLAC(2), premier avion militaire conçu et fabriqué en Afrique, en sont des exemples marquant.
Par ailleurs, un nombre croissant de pays africains s’approprient progressivement les problématiques de R&D, notamment dans les domaines pertinents pour leurs populations comme la santé (en particuliers les maladies spécifiques au continent) et l’agriculture (avec les défis de l’amélioration de la productivité agricole et de la résistance des cultures aux conséquences du réchauffement climatique). Les pays les plus en pointe comme le Malawi, le Kenya, la Tanzanie, le Ghana et le Nigéria ont significativement accru leur investissement en R&D et, pour certains, développé des domaines d’excellence mondiale.
En une décennie le nombre de publications scientifiques africaines –bien que ne représentant que 2,4% du total mondial- a triplé pour atteindre 55 400(3). Cette montée en régime quantitative s’est accompagnée d’une montée en gamme qualitative (4). De la même façon, sur la période 2008-2012, le nombre de brevets déposés en Afrique a cru de 33% pour atteindre 833(5).
Malgré la rareté des financements et des ressources humaines, la gouvernance inadéquate de la recherche et à la faible coopération interafricaine, l’Afrique scientifique s’est mise en mouvement. Le meilleur de la science, de la technologie et de l’innovation africaine est à venir.
(1) SKA : Square Kilometre Array. Réseau de 3000 antennes paraboliques réparties sur le territoire de 9 pays africains et qui, lorsqu’il sera mis en services entre 2018 et 2024, constituera le télescope le plus sensible jamais installé au monde.
(2) AHRLAC : Advance High Performance Reconnaissance Light Aircraft. Avion de reconnaissance léger pouvant mener sur de longues distances des missions civiles et militaires.
(3) Selon une étude de Reed Elsevier
(4) Mesuré par le nombre de citation global ; source Etude Banque Mondiale / Reed Elsevier
(5) Rapport Banque Mondiale « Applying Science, Engineering and Technology for African Competitiveness and Development” Mars 2014.
Louis ADANDÉ